L’évocation de la disparition récente de notre ex-P.-d.g. Fawzi Aouem, s’impose.
Fawzi Aouem a dirigé note journal, il y a, maintenant, près de trente ans, et il n’aura eu, voire, qu’un bref passage. Douze mois si l’on ne se trompe, un peu plus, un peu moins. A la fois peu et loin. Ici, les mémoires défaillent souvent.
Pour les rafraîchir, et pour que rien ne se perde, on rappellera à deux choses au moins :
A ce qui garde trace d’abord. A la valorisation des salaires des journalistes. Des salaires alors si bas que Fawzi Aouem s’est déclaré sous le choc et s’y est attelé d’emblée. Nos collègues de l’époque se souviennent sûrement de la hausse. Juste, consistante, légale, définitive. Un réel acquis. Ceux d’aujourd’hui n’ont peut-être pas assez conscience du mérite de l’avancée.
L’ancien et court mandat de Fawzi Aouem (en rendons-nous compte ?) aura, aussi,contribué à réhabiliter une profession. Sous Bourguiba, le journalisme dépendait du Zaim, mais la légitimité du Zaim était telle que place était faite à la culture, aux Arts et aux débats d’idées. Le régime de Ben Ali ne pouvait, ni n’entendait encourir de risque. Deux petites années après 87, n’y était plus admis que le journalisme politique dépendant et sous la poigne des conseillers du palais. Mi-90, pourtant, on sentait comme un recul de la mainmise sur les journaux. Les nominations du palais ne correspondaient plus tout à fait. A «La Presse», Fawzi Aouem en fut comme l’initiateur. Sous sa direction, les «chroniqueurs du pouvoir» avaient le même espace, mais les plumes critiques,parfois les résilientes, étaient, désormais, les plus appréciées, les plus accueillies au bureau du P.-d.g. Paix à son âme, ce dernier dut abandonner le poste, mais on a bien retenu la suite, nous. Feu Mohamed Ben Ezzedine, Mohamed Gontara et autres ont fidèlement pris le relais. Votre bon relais. Le journalisme intelligent et critique avant celui des conseillers du palais. N’ayez crainte, votre mandat a été fructueux.